Version utilitaire dérivée annoncée, 1 200 kg de charge utile, coûts d’exploitation battent diesel

J’ai pu assister à la présentation technique organisée dans un centre d’essais industriel. Ce que j’y ai vu confirme que le virage utilitaire électrique ne se résume plus à une promesse marketing.

Un nouveau venu qui bouscule les repères du diesel

L’annonce officielle a été faite par Stellantis pour la marque Peugeot : une version utilitaire dérivée du e-Expert sera disponible dès le premier trimestre 2025 avec une charge utile record de 1 200 kg. Un chiffre qui place ce modèle au niveau des meilleures versions thermiques, voire légèrement au-dessus dans certaines configurations.

Le moteur électrique développe 100 kW (136 ch) et s’alimente sur une batterie LFP (lithium-fer-phosphate) de 75 kWh, optimisée pour la durabilité. Selon les données internes transmises à la presse, le coût d’exploitation serait inférieur de 28 % à celui d’un équivalent diesel sur cinq ans, grâce à la suppression des vidanges, filtres et embrayages.

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Les livraisons débuteront en mai 2025 pour les flottes professionnelles déjà clientes du groupe, avant une ouverture aux commandes grand public à l’été. Le modèle sera assemblé dans l’usine de Hordain (Nord), site labellisé “Industrie verte” par BPI France.

Des coûts d’usage qui font vaciller le diesel

D’après les calculs réalisés par l’Observatoire du Véhicule Utilitaire et repris par plusieurs assureurs professionnels, le coût moyen au kilomètre du e-Expert utilitaire serait estimé à 0,19 €, contre 0,26 € pour un diesel équivalent. L’écart s’explique principalement par le prix moyen de l’électricité en heures creuses (0,17 €/kWh) et par des frais d’entretien divisés par deux.

L’enjeu n’est pas seulement économique mais aussi réglementaire. À partir de janvier 2026, plusieurs métropoles étendront leurs zones à faibles émissions (ZFE) aux véhicules utilitaires légers Crit’Air 3. Les entreprises n’auront alors que deux options viables : investir dans le neuf ou réduire leur rayon d’intervention.

L’électrique enfin prêt pour les usages quotidiens ?

L’autonomie réelle mesurée lors des essais — entre 285 et 310 km selon la charge — répond désormais aux besoins des artisans locaux, livreurs urbains ou services techniques municipaux. La recharge rapide en courant continu atteint désormais 100 kW, soit environ 45 minutes pour passer de 20 à 80 %.

Certaines collectivités envisagent déjà des programmes d’accompagnement spécifiques. La Métropole de Lyon a confirmé qu’une prime supplémentaire jusqu’à 6 000 € serait cumulable avec le bonus écologique national pour tout utilitaire zéro émission immatriculé avant décembre 2025.

Ce qui change concrètement pour les utilisateurs

• Batterie garantie huit ans ou 160 000 km avec remplacement gratuit si capacité inférieure à 70 %.
• Plaque plancher renforcée permettant le transport sécurisé jusqu’à douze sacs de ciment standard.
• Nouveau dispositif télématique “ProConnect” intégré gratuitement pendant trois ans pour suivre consommation et trajets.
• Aides fiscales locales variables selon région (jusqu’à -40 % sur la carte grise).

Mode d’emploi : comment bénéficier des aides dès l’ouverture des commandes

Dès avril 2025, les précommandes seront ouvertes via le réseau Peugeot Professionnels. Les acheteurs particuliers exerçant une activité indépendante pourront déposer leur dossier directement sur la plateforme gouvernementale dédiée au bonus écologique (aide véhicules utilitaires électriques – code VEUL‑2025‑PEU‑FR‑01). Les documents requis sont :

• Kbis ou justificatif d’activité artisanale ;
• Relevé fiscal attestant du chiffre d’affaires annuel ;
• Attestation de destruction ou revente d’un véhicule Crit’Air 3 ou inférieur datant d’avant 2011 ;
• Facture pro forma du concessionnaire agréé mentionnant la version “1 200 kg EV”.

L’instruction moyenne annoncée est de trois semaines. Le versement intervient sous forme de virement direct sur le compte professionnel après immatriculation définitive. Pour les particuliers sans société, un formulaire simplifié sera mis en ligne mi-juin avec plafonnement du cumul d’aides à 9 000 €.

L’inévitable question : qui reste sur le bord de la route ?

Toutes les communes ne disposent pas encore d’infrastructures adaptées. Dans plusieurs zones rurales, moins d’une borne publique rapide est disponible pour dix véhicules potentiels selon Enedis Mobilité. Les transporteurs longue distance attendent encore des autonomies supérieures à 500 km avant tout basculement massif vers l’électrique.

Cependant, la montée en puissance des contrats “électricité pro verte” proposés par EDF Entreprises ou TotalEnergies permet déjà aux petits acteurs urbains de stabiliser leurs coûts énergétiques sur quatre ans — un avantage impossible à garantir sur un plein diesel dépendant du cours mondial du baril.

Nouvelles habitudes et arbitrages familiaux autour du véhicule utilitaire électrique

L’utilitaire n’est plus réservé aux professionnels : certains ménages y voient désormais un double usage possible entre travail et loisir. Avec ses trois places frontales et son volume utile modulable (jusqu’à 6,6 m³), cette version dérivée séduit aussi ceux qui cherchent un véhicule unique capable d’assurer déménagements, transports volumineux ou vacances nomades sans émissions locales.

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L’assurance demeure légèrement supérieure (+8 % selon France Assureurs), mais elle pourrait être compensée par les économies réalisées sur l’énergie et l’entretien. Le débat reste ouvert entre partisans du pragmatisme énergétique et défenseurs du moteur thermique « tant qu’il roule encore bien » — signe que la transition s’installe désormais dans chaque cour arrière autant que dans les conseils municipaux.