📍 10 rue de Penthièvre,75008 Paris, France   |   ✉️ [email protected]   |   ☎️ 01 49 60 60 01

⟵ Retour à l'article

Cet arrêté ministériel rend illégale une pièce de rechange pourtant utilisée depuis vingt ans dans les garages

Depuis le 1er février, un arrêté interdit la vente et la pose d’une pièce de rechange automobile jusque-là présente dans plus de 65 % des réparations effectuées dans les garages indépendants.

La mesure a pris de court une grande partie du secteur, y compris des automobilistes qui découvrent que leur véhicule ne peut plus être réparé avec un composant disponible depuis deux décennies. J’ai moi-même constaté la surprise des garagistes interrogés ces derniers jours.

Une pièce familière soudainement bannie

L’arrêté du ministère de la Transition écologique cible les filtres à particules adaptables, utilisés par de nombreux ateliers pour remplacer ceux d’origine jugés trop coûteux. Ces pièces étaient installées depuis plus de vingt ans, sans qu’aucune alerte majeure sur leur fiabilité n’ait été relevée.

Le texte précise qu’à partir du 1er février, leur commercialisation et leur montage sont passibles d’amendes pouvant atteindre 7 500 euros par infraction. Le marché parallèle est donc contraint de disparaître en quelques semaines.

En ce momentInspection surprise : 62 % des concessionnaires sanctionnés pour non-respect des nouvelles obligations

Les constructeurs automobiles comme Renault, Stellantis ou Volkswagen s’étaient régulièrement plaints que ces pièces non homologuées nuisaient aux performances environnementales des véhicules. Les associations de consommateurs rétorquent que cette interdiction revient surtout à verrouiller le marché au bénéfice des marques officielles.

Un coût direct pour les automobilistes

D’après les chiffres fournis par la Fédération nationale de l’artisanat automobile (FNAA), le prix moyen d’un filtre adaptable était de 280 euros. Son équivalent constructeur dépasse désormais les 900 euros, soit une augmentation immédiate de plus de 220 % pour le client final.

Pour une famille modeste possédant un monospace diesel âgé de dix ans, cette différence représente parfois plus que la valeur marchande du véhicule lui-même. Dans certains cas, cela force à choisir entre une réparation onéreuse ou une mise à la casse anticipée.

Des garages pris au piège

Les réparateurs indépendants affirment n’avoir reçu aucune communication claire avant la publication officielle au Journal officiel. Beaucoup se retrouvent avec des stocks désormais invendables et doivent absorber seuls ces pertes financières.

Un sondage interne à l’Union professionnelle artisanale (UPA) révèle que près d’un garage sur deux envisage d’augmenter ses tarifs horaires pour compenser ce manque à gagner. Dans les zones rurales où les concessions officielles sont éloignées, l’offre pourrait se réduire fortement.

Mode d’emploi : ce que dit exactement la loi

  • Date d’entrée en vigueur : 1er février 2024
  • Périmètre : tout véhicule équipé d’un moteur diesel soumis à contrôle technique antipollution
  • Obligation : utiliser uniquement un filtre à particules portant l’homologation européenne type ECE-R103
  • Sanc­tion : amende jusqu’à 7 500 € pour le professionnel installateur
  • Délai pour écouler les stocks : aucun, interdiction immédiate

Pour l’automobiliste, cela signifie qu’il doit demander systématiquement facture et référence officielle lors du remplacement afin d’éviter une contre-visite au prochain contrôle technique.

L’argument écologique avancé par le gouvernement

Le ministère justifie cette décision par une étude menée en 2022 qui montrait qu’environ 18 % des filtres adaptables testés dépassaient les seuils européens d’émission de particules fines. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), ces dépassements contribueraient directement aux pics locaux de pollution urbaine.

AutomobilistesUn décret du gouvernement interdit une pratique répandue chez des millions d’automobilistes

L’exécutif estime que cette mesure permettra une réduction estimée de 1 200 tonnes annuelles d’émissions nocives en France. Mais aucune étude n’a encore quantifié l’impact socio-économique pour les ménages contraints à supporter des coûts supplémentaires.

Quelles alternatives restent possibles ?

Les automobilistes peuvent encore recourir à :

  • L’achat neuf constructeur (plus cher mais validé lors du contrôle technique)
  • Le recours à des pièces reconditionnées certifiées, disponibles auprès de quelques filières agréées
  • L’aide possible via certaines primes locales à la conversion pour abandonner un vieux diesel

Néanmoins, ces options demeurent limitées et ne couvrent pas tous les modèles anciens. Les familles nombreuses ou celles qui dépendent quotidiennement de leur véhicule risquent donc d’être particulièrement exposées aux effets financiers directs.

L’équilibre fragile entre pouvoir d’achat et normes environnementales

L’arrêté ministériel met en lumière un choix politique difficile : garantir une baisse mesurable des émissions tout en imposant aux foyers modestes un surcoût non prévu. Les débats autour des ZFE (zones à faibles émissions) avaient déjà révélé cette fracture entre objectifs climatiques et réalités quotidiennes.

D’ici fin mars, plusieurs organisations professionnelles comptent déposer un recours gracieux auprès du Conseil d’État afin d’obtenir soit un moratoire, soit une compensation financière pour écouler leurs stocks existants. Reste à savoir si cette bataille juridique sera entendue avant que ne s’accumulent factures impayées et véhicules immobilisés devant les garages.

Donnez votre avis

Soyez le 1er à noter cet article
ou bien laissez un avis détaillé


Partagez cet article maintenant !


19 réactions sur « Cet arrêté ministériel rend illégale une pièce de rechange pourtant utilisée depuis vingt ans dans les garages »

Réagissez à cet article

19 réactions